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L'Ecolieu Tilia & Compagnie
12 novembre 2010

Résumé technique des épisodes de l'été

Enfin un peu de temps pour donner quelques détails techniques du tsunami qui nous a submergé cet été...


Les soubassements maçonnés

Avant de construire une maison en ossature bois, il faut choisir et réaliser un soubassement en maçonnerie. Son rôle est d'éloigner le bois du sol pour le protéger de l'humidité : remontées capillaires, projections de pluie, neige... Aussi, le soubassement doit être à la fois porteur (c'est sur lui que repose l'ossature), résistant à l'humidité et isolant.

Pour notre maison, nous avons utilisé du béton cellulaire qui est isolant, contrairement aux agglomérés de béton ou au béton banché qui sont généralement utilisés pour cette fonction. Dans les maisons écologiques, la brique monomur souvent utilisée. Dans tous les cas, un drainage périphérique et une protection étanche extérieure sont nécessaires pour protéger le soubassement lui-même.

Notre projet s'appuyant sur une ruine existante, nous avons réutilisé une partie des murs en pierre comme soubassement. Pour le reste nous avons monté deux rangs de béton cellulaire de 20 cm de haut.

Le soubassement est surmonté une barrière étanche qui protège le bois de l'ossature de toute remontée capillaire. Il s'agit ensuite de fixer la lisse basse dans le soubassement : nous avons scellé des tirefonds au plâtre car les chevilles à expansion ne sont pas utilisables et nous ne voulions pas utiliser de scellement chimique.

L'isolation du soubassement (25cm de béton cellulaire) sera complétée au printemps par 10cm de béton de copeau de bois banché pour une résistance thermique finale d'environ 3,5 m2.°C/W.

1_soubassements









L'ossature bois

L'ossature bois est conçue pour accueillir des bottes de pailles comme isolant, un bardage à l'extérieur et des enduits à l'intérieur. Pour ne pas avoir à traiter le bois, nous avons utilisé du douglas en 5x20cm. L'ossature est positionnée au nu extérieur du mur. Ainsi, les montants peuvent servir de support pour le bardage et sont noyés dans l'isolant sur la face enduite.

Les entraxes sont calculés, dans la mesure du possible pour accueillir des bottes entières soit 80 à 90cm si on les pose horizontalement ou 45cm si on les pose verticalement.

La structure est assemblée en place : on fixe la lisse basse au soubassement, puis on fixe les montants prédécoupés à la bonne taille verticalement sur la lisse à l'aide de pointes lardés en pied. La lisse intermédiaire est clouée sur le haut des montants en respectant les entraxes prévus. Les tableaux de fenêtre ont été construits à l'avance et sont intégrés à l'ossature au fur et à mesure avec un joint acrylique. Les angles de l'ossature sont fabriqués avec deux montants vissés en L et un joint acrylique pour l'étanchéité. Les supports de solivages sont fabriqués de même avec 3 montants assemblés en U. Les solivages sont ainsi posés sur l'ossature et montés en même temps. Ceci permet de travailler au deuxième étage en sécurité.

2_ossature

 








La charpente

Pour pouvoir isoler le toit en bottes de paille entre chevrons, il faut une épaisseur de 40 cm. Pour optimiser l'utilisation du bois et dégager le comble au maximum, nous avons conçu et construit un système de charpente dérivé de la fermette. Le toit est en effet composé de petites fermes disposées tout les 48cm assemblées à partir de bastaings en 4x20cm fixés l'un sur l'autre avec des connecteurs en OSB pour les arbalétriers et des entraits moisés qui servent de solivage des combles. Les 26 fermettes ont été taillées et assemblées à plat sur le chantier puis transportées sur les murs à la main (6 ou 7 bénévoles pleins d'énergie n'étaient pas de trop) et levées avec une corde et une poulie. Elle sont ensuite clouées sur les lisses hautes des murs, ce qui est simple en théorie mais s'est révélé complexe en réalité sur deux points : sablière de pente sur le mur nord et entrait traversant la lisse courbe au sud-ouest. C'est ça quand on s'appuie sur un existant et qu'en plus on a envie d'être créatif...

Une fois les fermettes mises en place, un lattis a été cloué en oblique sur la sous-face des chevrons. Il permet de contreventer le toit, de supporter les bottes de paille et il servira également de support à l'enduit chaux-plâtre que nous avons prévu d'appliquer.

Des entretoises sont ajustées entre les chevrons à l'aplomb des murs pour fermer les caissons de toiture en bas de pente. Le toit déborde de 80cm en rives et 50cm en pignons pour protéger au mieux les murs de paille. En face sud, afin de ne pas pénaliser l'éclairement des fenêtres de l'étage, les chevrons sont moins pentus en bas de pente (coyau).

3_charpente

4_lattis
















L'isolation du toit et la couverture

Pour aller jusqu'au bout de notre démarche paille, nous avons choisi d'isoler aussi le toit en botte de pailles entre chevrons. Il y autant de bottes de paille dans le toit que dans l'ensemble des murs. Elles ont été posées par dessus en long puis les trous entre bottes ont été soigneusement bourrés avec de la paille en vrac. Pour protéger la paille des agressions diverses, notamment les rongeurs et le feu, nous avons prévu de réaliser un enduit chaux-plâtre en sous-face (travaux du printemps prochain) et nous avons réalisé un béton de copeaux de bois de 8 cm d'épaisseur sur les chevrons. Ce béton a été réalisé tout de suite après la pose des bottes. Nous avons utilisé 12m3 de copeaux de menuiserie, 100 sacs de chaux NHL2 et 2 big-bags de sable de pouzzolane qui ont été mélangés dans un malaxeur planétaire (axe vertical et cuve fixe), montés sur le toit avec des seaux et damé avec un pilon. La résistance thermique finale de la toiture est donc d'environ 7 m2.°C/W avec 46cm d'isolant.

5_paille_toit












6_b_ton_copeaux









L'isolation a ensuite été protégée des intempéries par un pare-pluie souple tendu entre deux contrelattes clouées sur les chevrons et qui supportent les liteaux et les tuiles plates en terre cuite. Au nord, le toit descend presque jusqu'au chemin et épouse sa forme. Au sud, il dégage une façade de presque 5m.

7_couverture









L'isolation des murs

Les murs sont intégralement isolés en bottes de paille. La paille a poussé sans pesticides dans l'un des champs de céréales les plus proches de la maison (visible depuis le chantier). Elle a été bottelée et rentrée au sec in extremis fin août avec les petites mains amies du coin qui sont toujours aussi nombreuses quand il y a besoin, même si c'est de la veille pour le lendemain, merci à elles...

Les bottes sont positionnées à champ entre les montants d'ossature, à ras côté extérieur. L'ossature est ainsi noyée dans la paille côté intérieur où les murs seront enduits. Sur la face extérieure, une couche de corps d'enduit sera projetée pour protéger la paille puis un bardage vertical sera cloué sur des liteaux fixés à l'ossature.

8_pailleLa pose des bottes se fait en surcompression, soit en les plaçant en diagonale puis en les faisant glisser jusqu'à l'horizontale, soit en utilisant des sangles à cliquet. Sous les lisses horizontales et les appuis de fenêtre, les bottes sont retaillées à la tronçonneuse et ajustées en force à grand renfort de chausse-botte (une pelle utilisée à la manière d'un chausse-pied) et de persuadeur (un énorme maillet fabriqué avec une chute de panne et un manche de pelle). Pour les pignons, ça se complique puisque c'est aussi dur de faire des bottes triangulaires que des oeufs carrés... du coup, on fait du mieux possible pour placer des morceaux de bottes et de la paille en vrac tout en essayant de garder un maximum de densité et de cohésion de la paille. Dans tout les cas, la pose des bottes reste une activité accessible à tous mais très physique, où le travail en duo (un dedans et un dehors) est largement conseillé pour obtenir un bon résultat.

 

Enfin, des liteaux noyés dans l'épaisseur du mur sont vissés à l'ossature toute les deux bottes pour maintenir la pression verticale et renforcer le mur contre les pressions latérales. Les bottes ainsi surcompressées et maintenues jouent le rôle de contreventement de l'ossature.

Pour les pailleux, nous avons ainsi utilisé une technique mixte entre celle de Pascal Thépaut et la CST proposée par Tom Rijven (pour plus d'info, allez faire un tour sur le site des compaillons: www.compaillons.fr).

 


Ainsi, à l'entrée de l'hiver, notre maison est hors d'eau (avec la zinguerie posée pour éviter les ruissellements et projections intempestifs) et isolée. Nous avons bâché la paille et les soubassements et nous attendront le printemps pour engager le chantier enduits et bardage. D'ici là nous prévoyons de poser les menuiseries, les sous-faces de plancher et les cloisons de l'étage, de faire le hérisson du rez-de-chaussé, de tirer les réseaux et les gaines électriques... enfin, pas de quoi s'embêter quoi!

9_en_attendant_l_hiver

 

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